Jérôme Saltet

Co-fondateur et directeur associé du groupe Play Bac, créateur des Incollables et de Mon Quotidien.

Changer l’éducation !

Il y a maintenant 25 ans, avec mes deux amis Gaëtan et François, qui sont encore aujourd’hui mes associés et mes complices, nous inventions Play Bac, jeu de questions-réponses sur le programme du bac, et nous lancions l’entreprise du même nom.

Pendant 25 ans, cette entreprise s’est développée autour d’une idée fixe : changer l’éducation. C’est ainsi que nous avons créé des concepts originaux, plébiscités par les enfants, les parents et les enseignants : Les Incollables, qui se sont vendus à près de 50 millions d’exemplaires dans le monde, et qui sont devenus le « bestseller » éducatif n°1 aux Etats-Unis, ou encore Mon Quotidien, seul journal quotidien pour enfants dans le monde occidental, qui avec le Petit Quotidien et l’actu, ses deux frères, compte plus de 150 000 abonnés en France.

Cette passion de l’éducation, j’ai aussi eu le bonheur de la vivre comme administrateur pendant seize ans de la Fondation La Vie au Grand Air, que j’ai présidée de 2006 à 2008. Cette Fondation fait un travail magnifique pour accueillir un millier d’enfants en très grande difficulté, placés hors de leur famille par décision de justice. Presque tous sont en échec scolaire. Presque aucun n’a de « chance » dans le système actuel. Or, c’est surtout quand la famille est défaillante que l’école devrait absolument prendre le relais.

Si l’on veut vraiment changer l’éducation, il faut changer l’école ! C’est fort de cette conviction que nous avons engagé Play Bac dès 2004 dans ce projet un peu fou, à but non lucratif : inventer « l’école idéale ». Depuis 6 ans, nous avons suivi les expérimentations en France et à l’étranger, nous avons lu les travaux des chercheurs en sciences de l’éducation et des pédagogues, nous avons visité des établissements scolaires de toutes sortes, nous avons interrogé des enfants, des parents, des éducateurs, des responsables d’écoles de tous niveaux, nous avons écrit deux livres sur « apprendre à apprendre » qui ont rencontré un vrai succès… Et c’est dans ce cadre, pour comprendre vraiment ce que l’on attendait des jeunes à la fin de leur parcours scolaire, que j’ai repassé le bac en juin 2006 ! Avec François, mon ami-associé, nous nous sommes inscrits en candidats libres, dans les mêmes épreuves que celles de nos bacs d’origine, mais avec interdiction de réviser. Ce fut une belle aventure, drôle et instructive.

Pourquoi ce projet de collège « révolutionnaire », maintenant ? La réponse tient en deux parties (je n’ai pas fait Sciences Po pour rien !) : parce que c’est possible, et parce que l’action vaut mieux que la critique !

Notre travail nous en a donné la conviction très ferme : créer le collège de nos rêves, c’est possible. A bien y regarder, même, le défi ne semble pas si gigantesque. Il y a, au sein de l’Éducation nationale comme autour, une somme formidable de talents et de bonnes volontés. De nombreuses expériences, souvent concluantes mais abandonnées, ont été menées et peuvent servir de base à une réflexion pragmatique. L’arsenal théorique rassemblé par de nombreux chercheurs donne, dans tous les domaines de la pédagogie, des fondements sérieux sur lesquels s’appuyer pour innover. Et ce n’est pas une question de moyens. L’éducation reste le premier poste de dépense de l’Etat !

Oui, c’est possible. Oui, les enfants peuvent parfois travailler sans le prof. Oui, le rôle de ce dernier peut changer (il ne peut plus se contenter de faire un cours). Oui, on peut tenir compte du profil de chaque élève pour individualiser son parcours. Oui, on peut sortir un élève en difficulté de la spirale de l’échec. Oui, les cours peuvent échapper à la routine mortelle du rythme horaire. Oui, on peut évaluer les compétences des élèves sans jamais les humilier. Oui, on peut sortir de la dictature des maths. Oui, on peut faire de la philo dès l’école primaire. Oui, on peut se concentrer sur les savoirs essentiels, tout en développant les savoir-faire et les savoir-être indispensables. Oui, les parents peuvent être les partenaires du collège. Oui, on peut garder le plaisir d’apprendre tout au long de la scolarité, tout en développant le sens de l’effort. Oui, on peut être moderne, et notamment utiliser au mieux les formidables ressources du numérique, sans faire systématiquement table rase du passé. Et oui, tout cela peut se faire sans dépenser plus. Oui, oui et oui !

Mais le dire c’est bien, le faire c’est mieux. Chez Play Bac, nous avons un mot d’ordre, qui symbolise notre état d’esprit en la matière : Yakacéfè. C’est le contraire de yakafaucon ! Nous sommes plus à l’aise en proposant et en agissant, qu’en critiquant et en laissant faire.

Ne pas attendre que l’Etat fasse tout. Contribuer. Combiner l’idéalisme et le pragmatisme. Faire ce qui marche quand on veut innover : imaginer, tester, évaluer, corriger, partager, donner envie, disséminer…

Mais surtout, ne pas donner raison à La Fontaine !

« Ne faut-il que délibérer,
La cour en conseillers foisonne ;
Est-il besoin d’exécuter,
L’on ne rencontre plus personne. »

Pourquoi je participe à tribe ?

La devise de Play Bac, c’est « changer l’éducation ». Nous devons contribuer au changement, et pas seulement l’attendre ou l’espérer. D’où notre projet de collège révolutionnaire.

www.changerlecole.com
Twitter : @ecoledufutur

Date: 30 août 2012 Thème: Et si j'innovais pour changer Site Internet: www.playbac.fr