Axel Waeckerlé

Axel Waeckerlé

Il est rêveur, il est passionné, il est ambitieux…

Axel Waeckerlé nous parle de son parcours atypique, de ses drames et de ses bonheurs qui font de lui ce qu’il est aujourd’hui.

A première vue, Axel est bien dans ses baskets, ouvert aux autres et heureux de pouvoir partager son expérience avec nous. Attablé dans un café, il commande à la serveuse un jus d’abricot et commence à nous conter son histoire, toujours avec le sourire.

Si aujourd’hui, tout roule pour ce jeune homme de presque 26 ans, ça n’a pas toujours été le cas, bien au contraire. Tout juste diplômé de son Master 2 Manager et entreprendre pour une économie positive, il croque la vie à pleines dents. « En quelques mots, j’ai une famille incroyable, des amis extraordinaires et une copine merveilleuse ! », se réjouit-il. Côté pro, il cherche du travail depuis peu, se prépare à publier un livre et continue de rêver à toujours plus de projets ambitieux.

Mais pour bien comprendre Axel Waeckerlé, il faut revenir en arrière, jusqu’à l’adolescence chaotique qui l’a changé du tout au tout.

Une maladie, sa « plus belle expérience »

Belle, c’est un grand mot quand on sait tout ce qu’il a traversé. Mais Axel est formel, il ne serait jamais devenu ce qu’il est aujourd’hui sans le drame qui a bouleversé sa vie mais qui lui a donné le goût de vivre. On dit souvent que la vie commence quand on comprend que l’on en a qu’une. Axel l’a compris bien trop tôt. Un mal pour un bien ?

Ce drame, c’est une tumeur au cerveau. Lors d’un magnifique voyage en famille entre les Etats-Unis et le Canada, alors qu’il admire la vue depuis une haute montagne, il a ses premiers maux de tête. « C’est sûrement à cause des lunettes », se dit-il d’abord, lui qui est myope, astigmate et hypermétrope. Le voyage s’achève, la rentrée se passe, mais la douleur persiste. Une douleur qui se transforme rapidement en une souffrance quotidienne, accompagnée de malaises et de pertes de mémoire.

« Il va falloir faire vite, votre fils est atteint d’une tumeur au cerveau », annonce le radiologue à sa mère, sans regarder Axel, à la suite d’une IRM du cerveau. Tout s’arrête. Sa mère s’écroule, sa vie s’écroule. A seulement 16 ans, il doit apprendre à vivre avec une tumeur, ou du moins à survivre. Une vraie « bombe à retardement ». Fini le lycée, place aux séjours à l’hôpital. Deux ans en tout, à enchaîner les opérations. Le cœur, les poumons, le cerveau. Jusqu’à ce que son neurochirurgien se décide à tenter l’impossible. « Avez-vous le temps de faire de la moto ? », c’est la question qu’il pose à son médecin quand il lui annonce son opération de la dernière chance. Axel ne s’effondre pas, il pense aux autres, peut-être pour ne pas penser à ce qui l’attend.

L’opération réussit. Un vrai miracle. Il se réveille différent, comme l’avait prévenu son neurochirurgien. Il ne peut plus marcher, il n’a plus de mémoire, il voit double. C’est un adolescent qui se réveille et qui aurait préféré mourir que de survivre dans cet état. Mais heureusement, il s’en remet. « Il a fallu se reconstruire, ce que j’ai fait, et je suis là aujourd’hui, quasiment normal avec vous », dit-il avec un détachement admirable. Et si les risques de rechute sont toujours là, il n’en démord pas : « je n’y retournerai pas », ou alors il n’aura pas « deux fois la même chance, et la même force » de se battre.

Comment « faire de sa vie la plus belle de ses histoires »

 Un dicton qu’Axel revendique et tente de transmettre aux autres aujourd’hui. Parce que ce drame inimaginable l’a changé, lui a permis de voir la vie autrement. « Je transforme tout ce noir et cette peur en une vraie force pour les gens qui sont autour de moi », nous explique-t-il, ravi de pouvoir partager son histoire, avec de jeunes lycéens, avec d’autres victimes et même avec des personnes qu’il ne connaît ni d’Eve ni d’Adam.

Avant sa terrible maladie, il était le dernier de la classe, il était ni heureux, ni bien dans sa peau. Aucune ambition, aucun rêve. Et pourtant, aujourd’hui, c’est un jeune homme heureux, joyeux, ambitieux avec des projets plein la tête, qui revit depuis sa guérison.

Il n’y a qu’à voir tous ses passe-temps pour comprendre son côté passionné et surtout vivant. Le saxophone et le tennis de haut niveau d’abord, avant sa maladie qui l’a, à son plus grand regret, forcé à arrêter.

Mais elle lui a tout de même permis de se découvrir un talent fou : l’écriture. Cette passion naît tout d’abord d’un besoin, celui de se libérer d’un poids en quelque sorte. Puis c’est le partage qui prime, et l’émotion qu’il prend un certain plaisir à transmettre à qui le veut bien. Alors il écrit des poèmes mais surtout son histoire.

Il découvre peu à peu la puissance des mots et en profite pour inspirer et aider les autres. Désormais patient-témoin pour la lutte contre le cancer, il intervient également de temps à autre dans des classes et des entreprises. Il est même mis à l’honneur dans un TED Talk, réalisé le 8 novembre dernier, une petite conférence numérique pendant laquelle il raconte son histoire. Une opportunité dont il rêvait depuis quatre ans, depuis qu’il raconte son parcours à toutes sortes de publics. Alors le faire en format TED, c’est un nouveau rêve qui se réalise. « C’est juste magique, j’ai dû en regarder une centaine ! ». Une vidéo disponible sur Youtube avec le titre suivant : « Faire de sa vie la plus belle de ses histoires .»

Au quotidien, il transmet sa philosophie de vie, sa joie de vivre, jusque dans les Uber parisiens. « Que ce soit une bêtise dans un ascenseur, un sourire sur un trottoir, une belle parole dans un magasin, c’est contagieux, et les gens vont partager la même chose avec la personne qu’ils vont voir après ». Axel a frôlé la mort, alors pour lui, la vie est belle et cette beauté a besoin d’être partagée, pour que tout le monde s’en rende compte. Et ce qu’on peut affirmer, c’est que lui profite pleinement de la vie qui lui a été accordée malgré tout.

Passionné par le sport automobile, il conduit sa première voiture de course à 14 ans. Sur le circuit, il se ressent « vivre à 150% » et c’est un « vrai bonheur » pour lui de filer sur la route à toute vitesse.

Une autre passion, la photographie. Et encore plus lors de ses multiples voyages aux quatre coins du monde, parce que « c’est la plus belle photo que l’on puisse faire ». Presque tous les continents y sont déjà passés mais des idées de voyages, il en a encore plein la tête.

« La vie, c’est trop précieux, c’est trop fragile, alors il faut qu’elle soit faite de rencontres, d’émotions, de voyages, de projets, d’envies, de rêves… », nous dit-il, les yeux pétillants.

Une vocation née de sa philosophie de vie

 C’est dans un BTS en commerce international qu’Axel se lance en premier lieu. Né dans une famille où ses cousins ont toujours vanté les mérites des écoles de commerce, il tente lui aussi d’y entrer, mais décide finalement de s’écouter et de s’orienter vers une formation qui lui ressemble plus. Une licence en science de gestion puis le tour est joué : il trouve LE Master auquel il peut s’identifier. Aucun regret, il réalise dans ce cadre deux stages passionnants.

En première année, son envie de voyage refait surface et il s’envole avec une amie pour l’Inde afin de créer un camp de prévention du diabète. 11% de la population indienne en est atteinte. Un chiffre alarmant qui révèle un « fléau énorme » en Inde. Il passe alors cinq mois dans un petit village où il se charge de l’organisation, de la logistique et de la communication du camp. De son côté, une médecin spécialiste du diabète envoie une quinzaine d’infirmiers, de médecins et de nutritionnistes ainsi que du matériel médical. Le jour J, 200 villageois viennent se faire examiner et poser leurs questions. Un vrai succès, et une « petite pierre à l’édifice ».

Sa seconde année de Master, il la fait en alternance avec Ticket for Change, qui accompagne chaque année une cinquantaine d’entrepreneurs sociaux sur un parcours de six mois. Une aventure visant à lancer leurs concepts, en créant des relations. Axel s’occupe alors du Ticket Tour mais plus particulièrement des quatre premiers jours, qui se déroulent à Lyon. Trouver des partenariats, trouver des pionniers, organiser le programme « quart d’heure par quart d’heure »… l’expérience est enrichissante, passionnante et surtout pleine de sens.

Le sens, c’est le mot-clé de sa vie professionnelle. C’est pourquoi il s’intéresse à l’économie positive, qui l’allie au business et surtout place l’humain en son centre. « Créer de la valeur pour créer de la valeur, ça n’a pas beaucoup d’intérêt », tranche-t-il. En effet, il regarde au-delà de ça et estime que l’Homme est précieux et fragile et doit pouvoir faire quelque chose qui lui ressemble avant tout, qui le rend heureux et qui améliore ce qui l’entoure. Parce qu’« on a tous quelque chose à offrir ».

Son conseil ? S’écouter soi, tout simplement.

Thème: La beauté sauvera le monde